Montage d'un spinnerbait
Ligature de la jupe
Pour bien fixer la jupe en silicone sur la tête plombée, rien ne vaut de la tresse. Un petit morceau de 25-30 cm suffit. Un double noeud, puis un tour avec un autre double noeud, puis encore un tour avec un troisième double noeud. C'est tout, et ça tient très bien.
La ligature est faite juste devant le collier en plastique. Quand la ligature est terminée, il suffit de couper l'excédent de tresse et de retirer le collier qui ne sert plus à rien.
Première taille
Pour l'instant notre création est encore hirsute ; il convient d'égaliser la longueur des brins quelques centimètres en arrière de la courbure de l'hameçon.
Voilà, notre spinnerbait commence à ressembler à un spinnerbait. Certains voudront peut-être conserver la jupe dans cet état mais je conseille de la tailler encore une ou deux fois par la suite. Pour l'instant, il est temps de passer au montage des palettes.
Deux palettes
Dans un montage de deux palettes en tandem, la première palette (ici une Wide Willow) doit être placée à hauteur de la tête du leurre, et la seconde (ici une Willow classique) ne doit pas dépasser l'extrémité de la jupe. On commence par poser les éléments à plat pour repérer les distances.
Pour cette réalisation, la palette de tête est une Wide Willow chartreuse numéro 3 (taille US) et la seconde est une Willow verte numéro 4.5 (taille US).
Montage des palettes
Pour la palette de tête, on enfile une bille (pleine) en laiton taille 1 (US), puis un étrier taille 2 (US) avec la palette face bombée à l'extérieur, puis à nouveau une bille taille 1, puis un sleeve de diamètre 1 mm (pour l'écartement), et enfin une troisième bille taille 1.
Pour fixer la seconde palette, il faut réaliser une boucle à l'extrémité de l'armature en acier. On peut soit la fermer en torsadant plusieurs fois, soit ne faire qu'un tour comme ici afin de pouvoir changer cette palette au bord de l'eau. Dans tous les cas, la boucle doit être bien en ligne avec l'armature afin de ne pas fausser la rotation de la grande palette arrière. La seconde palette est fixée avec un émerillon rolling numéro 2 (US) de qualité, roulement du côté de la palette.
Le montage des palettes étant terminé, le spinnerbait est prêt à pêcher. Enfin... presque. Dans son état actuel, il ressemble aux modèles du commerce, sauf qu'il utilise de plus grandes palettes. Mais est-ce suffisant pour bien faire bouger les brins de la jupe ? Non.
Finitions
On reprend la paire de ciseaux et on s'attaque à nouveau à cette pauvre jupe en silicone qui se croyait tranquille. Première étape, on raccourcit les brins extérieurs à la distance de la courbure de l'hameçon.
Mais ce n'est pas fini... On raccourcit ensuite un brin intérieur sur deux, pour diminuer le volume de la jupe. Des brins plus courts à l'avant sont plus réactifs aux vibrations des palettes, et des brins de longueur inégale vibrent également mieux, en plus de donner un aspect plus naturel dans l'eau. Ça fait certes un peu bizarre comme ça a l'air libre, mais observez bien le résultat dans l'eau...
Utilisation
On lance, on ramène dans la couche supérieure de l'eau, pas trop vite, et on se prend des attaques assez spectaculaires. Pas compliqué... Une canne assez raide est conseillée (j'utilise une 15-60 grammes fast), avec de la tresse et une pointe en fluorocarbone de deux mètres. À moins de tomber sur une poutre vraiment vorace qui avalerait tout, pas besoin d'un bas de ligne acier dans nos eaux. Par contre dans les pays nordiques, ce n'est pas un luxe vu la taille de leurs brochets...
Le spinnerbait est LE leurre de power fishing par excellence. Associé à du matériel casting, le spinnerbait pêche rapidement et efficacement de vastes étendues d'eau en laissant très peu de poissons indifférents. Il attire les carnassiers à bonne distance et provoque au minimum des attaques par réaction aux nombreux signaux qu'il émet. Encore faut-il qu'il soit bien conçu et vibre suffisamment... Voici un exemple de montage éprouvé qui prend aussi bien de la perche de 25 cm que du brochet de plus d'un mètre.
Le coloris choisi pour l'exemple de montage est un vert/chartreuse, une combinaison qui fonctionne bien dans des eaux bleues (lac) ou vertes (étang eutrophe) mais donnera probablement moins de résultats dans des eaux taniques ou dans très peu d'eau très claire. Quoique... À l'aube et au crépuscule, ces couleurs très voyantes s'estompent un peu tout en restant très visibles. La perche, en particulier, répond bien à ce coloris, mais le brochet ne le boude pas non plus.
Les différents composants doivent être de très bonne qualité. Il est pratiquement impossible de s'en procurer auprès des importateurs français, et tout le matériel utilisé pour le présent article a été commandé aux États-Unis. Toutes les palettes ne se valent pas, en particulier les feuilles de saule (Willow), et la qualité du silicone employé pour la fabrication des jupes diffère également d'un fournisseur à un autre. Pour autant, le prix de revient d'un spinnerbait "maison" tel que je les monte n'excède pas deux ou trois euros ; on est bien loin des prix exorbitants des leurres de mauvaise qualité disponibles chez les détaillants...
Choix de la tête plombée
J'utilise principalement des têtes de type C de dix grammes. Je les fais monter et peindre à ma demande par lots de 25 (compter environ 35 USD par lot). L'armature est longue, type R3, en acier de 90/100. Jusque là, c'est plutôt standard. Par contre l'hameçon est un 3/0, et ça c'est un choix personnel. C'est plus petit que sur la plupart des modèles du commerce (à part les Jackall distribués par Illex en France).
Un hameçon de 3/0 permet de piquer aussi bien des perches à peine maillées que des gros brochets, alors qu'un 5/0 fort de fer spécial Black bass va louper la plupart des brochets, petits et moyens, et toutes les perches à moins d'un miracle. En outre, les brochetons seront moins gravement blessés, et comme ils représentent la majorité des effectifs de nombreuses populations, c'est loin d'être un détail.
Montage de la jupe
Monter soi même ses jupes est essentiel, non seulement pour la diversité des coloris pouvant être réalisés, mais aussi pour être certain du rendu dans l'eau. Il existe des jupes montées, mais même dans ce cas je conseille de les désassembler pour les monter à nouveau. En effet, sur les jupes produites de façon industrielle, le nombre de brins se limite souvent à 40, et les brins sont collés ou soudés sur plusieurs centimètres au niveau du collier. Il est nécessaire de bien les séparer avant de monter à nouveau la jupe car sinon ils formeront des "paquets" peu mobiles.
La jupe va comporter 50 brins en deux coloris, un vert pomme très voyant pour le dos (20 brins), et du chartreuse pour le reste (30 brins). J'utilise un outil de montage qui fait gagner beaucoup de temps, le Skirt Expander de chez Naked Bait.
On commence par placer le collier, puis on écarte les mâchoires. La mise en place des brins commence par ceux du dos (verts) mais on pourrait aussi commencer par l'autre couleur.
Il est compliqué d'utiliser plus de deux couleurs pour monter une jupe de spinnerbait de cette façon, mais un coloris bicolore suffit dans la plupart des cas (dos foncé, ventre clair, c'est la base). Une fois que tous les brins sont en place dans l'appareil, on referme les mâchoires puis on libère la jupe ainsi assemblée.
Pour enfiler la jupe sur la tête plombée, il est plus pratique de bien séparer les deux couleurs, celle du dos et celle du ventre. Une fois la jupe mise en place sur la tête plombée avec le collier, il est nécessaire de mieux la fixer en la ligaturant. Non seulement le rendu est meilleur, mais les colliers en plastique vieillissent mal. Ils se fissurent rapidement et doivent être changés régulièrement.
Version 1, Révision 1, 25 juillet 2012.